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Uber technologies : l’analyse financière

Le groupe américain Uber technologies s’est introduit en bourse à New York en mai 2019 pour son dixième anniversaire. Le document préalable à l’entrée en bourse déposé par Uber en avril 2019 a révélé des informations très intéressantes sur son évolution. Il convient de réaliser l’analyse financière du groupe sur les dernières années.

Ces informations ont été complétées par les résultats des premiers et seconds trimestres 2019.

Le tableau ci-dessous retrace l’évolution des ventes et du résultat.

L’évolution des ventes d’Uber

Jusqu’en 2018

Le tableau ci-dessous indique une forte progression du chiffre d’affaires entre 2016 et 2018 avec toutefois une réduction du taux de croissance en 2018. Cette réduction de la progression est due à l’arrivée au stade de maturité sur ses marchés les plus anciens et aussi les plus importants. Elle est également due à un arrêt de l’exploitation en direct sur les marchés les plus concurrentiels : Russie, Chine, Asie du Sud-Est. Ces arrêts d’activité se sont accompagnés d’une prise de participation dans un groupe local mais leur chiffre d’affaires n’est plus consolidé.

L’activité Uber Eats devient le 2nd métier du groupe en termes d’activité, il représente à fin 2018 environ 13% du chiffre d’affaires groupe.

La rubrique « autres paris » correspond principalement à Uber Freight, l’activité de mise en relation de transporteurs et d’entreprises. Elle a connu une croissance de 457% en 2018.

Depuis 2019

Les résultats trimestriels 2019 confirment le tassement du chiffre d’affaires de l’activité principale, les VTC, et la croissance continue d’Uber Eats. La croissance du chiffre d’affaires du groupe sur le 2nd trimestre 2019 de 14% est essentiellement due à l’activité Uber Eats qui connaît un taux de croissance de 72%, l’activité de VTC n’augmentant que de 2% à 2,3 milliards. La part d’Uber Eats dans le chiffre d’affaires du groupe est passée de 13% en 2018 à 15% mi 2019.

En comparaison, les ventes de Lyft au 2nd trimestre ont cru de 72% pour atteindre 867 millions USD.

Au-delà d’une croissance des ventes moins forte que prévu et de pertes plus importantes que prévu, les analystes boursiers ont toutefois été sensibles à deux indicateurs qui traduisent une augmentation continue de l’activité :


Découvrez l’article sur la stratégie d’Uber : Uber : un business model innovant mais incertain


L’activité VTC d’Uber

Le tableau ci-dessous décompose l’évolution des ventes sur l’activité VTC, Uber Eats et autres (essentiellement Uber freight).

La publication des résultats du 2nd trimestre 2019 a confirmé les craintes de nombreux analystes et entraîné une chute de 14% du cours de bourse à 37 USD concernant le tassement de l’activité exprimé en chiffre d’affaires. Le nombre de courses réalisées a toutefois augmenté de 35% à 1,68 milliard.

Ce ralentissement de la progression est toutefois à tempérer. En effet, Uber maintient une part de marché extrêmement élevée, de 65%, sur le marché de la VTC aux Etats Unis et au Canada, en Europe de l’Ouest et en Amérique Latine. Il demeure le leader mondial incontesté de son marché.

L’évolution de la profitabilité

En dix ans d’activité, Uber n’a jamais réalisé de bénéfices tout comme son principal concurrent, Lyft. Au vu des résultats 2018, les analystes avaient noté un tassement des pertes. Celles-ci se sont accrues courant 2019.

Une perte record en 2019

Au 2nd trimestre 2019, Uber réalise une perte record de 5,2 milliards de dollars. Cette perte est toutefois à relativiser, étant due pour 3,9 milliards à l’attribution d’actions aux salariés dans le cadre de l’introduction en bourse. Les attributions d’action (stock options) aux salariés sont en effet valorisées, comptabilisées en charge et en plus dans les capitaux propres (prime d’émission) comme des primes de bons de souscription d’action. Outre le fait qu’elle ne soit évidemment pas récurrente, cette charge ne se traduit pas non plus par un décaissement et ne grève donc pas la trésorerie du groupe. Abstraction faite de cette charge non récurrente, la perte résiduelle de 1,3 milliards demeure légèrement supérieure à celle attendue par la bourse.   

Ces pertes du 2nd trimestre 2019 sont dues à une augmentation massive des coûts de 147% à 8,65 milliards. Au cours du 2nd trimestre, le groupe a :

Selon les Echos du 11 août, ces coûts de constitution représenteraient 50% des revenus d’Uber Eats. Aux Etats-Unis, les concurrents ont une politique commerciale agressive de prise de part de marché obligeant Uber à concéder davantage de remises pour garder sa place de leader.

Cette augmentation des charges chez Uber contraste avec leur principal concurrent Lyft et leur quasi stabilité.


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Uber rassure ses investisseurs

Avant la publication des résultats du 2nd trimestre, Uber a fait des annonces afin de rassurer les investisseurs :  

Le dirigeant du groupe a confirmé la stratégie du groupe : « grossir vite, de façon efficiente et pendant très très longtemps« . Les investisseurs semblent sensibles à cet argument de continuer à croître en termes de nombre d’utilisateurs.

A ce jour, le groupe refuse d’annoncer une date prévue pour les premiers bénéfices.

A suivre