Le blog des Fonctions financières

L’analyse financière, une démarche structurée (1/2)

Nombreux sont les utilisateurs de l’analyse financière. Acheteurs et vendeurs évaluent la pérennité de leurs fournisseurs ou clients. L’entreprise analyse une cible d’acquisition. Le directeur financier fait l’analyse de son entreprise pour en identifier les points forts, pistes d’amélioration et proposer des plans d’action. Il compare la performance de l’entreprise à celles d’autres entreprises du même secteur (détermination d’un échantillon d’entreprises comparables). Il présente des comptes aux administrateurs, aux banquiers, etc.

Tous, cependant utilisent une démarche similaire, en différentes étapes. Il est essentiel de suivre un fil conducteur qui permette de faire apparaître des liens de cause à effet entre les différentes étapes, autrement, l’analyste risquerait de se noyer dans la masse d’information.

La nécessité d’une démarche structurée

Le schéma ci-dessous retrace les différentes étapes de la démarche d’analyse financière :

La période d’analyse de 3 à 4 ans permet de faire ressortir des tendances pluri-annuelles et de pouvoir détecter une année exceptionnellement bonne ou mauvaise.

L’ordre dans lequel se trouvent les différentes étapes de l’analyse financière constitue un fil conducteur permettant de faire ressortir des liens de cause à effet :


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Analyser l’activité

L’activité porte sur l’évolution du chiffre d’affaires ou de la production. Elle constitue la première étape car elle conditionne largement les étapes suivantes, la profitabilité et les équilibres financiers.

Analyser l’activité consiste au minimum à interpréter le pourcentage d’évolution du chiffre d’affaires. L’analyse interne s’efforce de décomposer ce pourcentage en termes d’évolution des prix, des quantités vendues, voire d’un effet de change. Il s’efforce ensuite de définir sur quel type de produit, de clientèle, de marché l’entreprise s’est développée ? A-t-elle développé des relais de croissance, a-t-elle au contraire des activités en déclin ? Concernant les groupes cotés, les normes IFRS imposent, dans le cadre de l’information sectorielle (IFRS 8) de décomposer plusieurs agrégats dont le produit des activités ordinaires par secteurs opérationnels (géographique et/ou métier) dès lors que ce segment revêt une importance relative particulière (notamment, si ses revenus représentent au moins 10% des revenus du groupe).

L’analyse du modèle de revenu fait partie intégrante de l’analyse de l’activité. Comme la notion de modèle économique, cette notion est apparue avec les premières sociétés de l’Internet. De fait, ces entreprises ont trouvé des modes originaux de génération du chiffre d’affaires (référencements payants pour Google, annonces publicitaires intercalées dans les messages pour Twitter ou Facebook, modèle freemium pour Wetransfer…). Pour enrichir son modèle de revenu, l’entreprise s’efforce de développer plusieurs sources de chiffre d’affaires à partir du même actif ou de la même compétence clé, à la fois pour générer davantage de chiffre d’affaires et réduire les risques liés à un produit ou prestation unique.

Exemple :

Beaucoup de groupes réalisant leur activité sur un secteur cyclique développent une activité de service complémentaire qui génère un chiffre d’affaires plus stable. Exemple :

Plus largement, l’analyse de l’activité évolue souvent vers l’analyse stratégique : quelle est la dynamique du marché sur lequel l’entreprise est positionnée, quelle est la place de l’entreprise sur son marché, quels sont les segments de marché, ses atouts et faiblesses par rapport à ses concurrents, ses chances de survie si un processus de concentration est en place…

Analyser la profitabilité ou création de richesse

Les causes de variation du résultat

Elles s’analysent en deux grands effets, l’effet ciseau et absorption des charges fixes :

Exemples d’effets absorptions de charges fixes favorables :

Exemples d’effets absorption de charges fixes défavorables :

Charges par nature ou par fonctions

Les normes comptables françaises applicables aux comptes individuels imposent une présentation des charges par nature permettant d’exploiter le tableau des soldes intermédiaires de gestion (TSIG) dont chaque résultat intermédiaire a un intérêt dans l’analyse de la profitabilité :

L’intérêt du compte de résultat avec les charges par fonctions (approche anglo-saxonne) est de confronter le coût de chaque fonction (production, commerciale, administrative, R&D), exprimé en pourcentage des ventes à d’autres entreprises comparables. Ainsi, constater que le coût de la fonction commerciale de mon entreprise représente 15% des ventes alors qu’il n’en représente que 12% pour mes concurrents m’amène à m’interroger sur l’organisation de cette fonction.

Les normes IFRS laissent en effet aux groupes la latitude de présenter les charges par nature ou regroupées par fonction. La SFAF (société française des analystes financiers) a exprimé à plusieurs reprises sa préférence, en tant qu’analyste externe, pour une présentation des charges par nature permettant de mieux repérer les effets ciseau et absorption de charges fixes.

Les investissements et financements de la période

Si l’analyste dispose du tableau de flux, il peut repérer les investissements en immobilisations et leur mode de financement ainsi que l’ensemble des flux de trésorerie relatifs au financement de la période (remboursements d’emprunts, versements de dividendes,..). En rendant visibles les flux de chaque période, le tableau de flux apporte une valeur ajoutée par rapport au bilan qui donne une vision statique et cumulée.

Rappelons qu’actuellement en France, ce tableau de flux n’est obligatoire que pour les comptes consolidés. Il est toutefois possible de reconstituer les flux de trésorerie d’une période à partir des annexes fiscales.

Dans la seconde partie de cet article, nous traiterons  les points suivants :

Lire la 2ème partie de l’article : Analyse financière, une démarche structurée

Pour approfondir la démarche et se familiariser avec les outils de l’analyse financière :