Uber technologies : l’analyse financière

Par le 3 décembre 2019

Le groupe américain Uber technologies s’est introduit en bourse à New York en mai 2019 pour son dixième anniversaire. Le document préalable à l’entrée en bourse déposé par Uber en avril 2019 a révélé des informations très intéressantes sur son évolution. Il convient de réaliser l’analyse financière du groupe sur les dernières années.

uber

Ces informations ont été complétées par les résultats des premiers et seconds trimestres 2019.

Le tableau ci-dessous retrace l’évolution des ventes et du résultat.

  • (1) Equivalent du résultat opérationnel courant.
  • (2) Les pourcentages de progression des revenus trimestriels sont définis par rapport au même trimestre de l’année précédente.
  • (3) Hors coût des attributions d’action au personnel, la perte est de 1,3 milliards (voir infra).

L’évolution des ventes d’Uber

Jusqu’en 2018

Le tableau ci-dessous indique une forte progression du chiffre d’affaires entre 2016 et 2018 avec toutefois une réduction du taux de croissance en 2018. Cette réduction de la progression est due à l’arrivée au stade de maturité sur ses marchés les plus anciens et aussi les plus importants. Elle est également due à un arrêt de l’exploitation en direct sur les marchés les plus concurrentiels : Russie, Chine, Asie du Sud-Est. Ces arrêts d’activité se sont accompagnés d’une prise de participation dans un groupe local mais leur chiffre d’affaires n’est plus consolidé.

L’activité Uber Eats devient le 2nd métier du groupe en termes d’activité, il représente à fin 2018 environ 13% du chiffre d’affaires groupe.

La rubrique « autres paris » correspond principalement à Uber Freight, l’activité de mise en relation de transporteurs et d’entreprises. Elle a connu une croissance de 457% en 2018.

Depuis 2019

Les résultats trimestriels 2019 confirment le tassement du chiffre d’affaires de l’activité principale, les VTC, et la croissance continue d’Uber Eats. La croissance du chiffre d’affaires du groupe sur le 2nd trimestre 2019 de 14% est essentiellement due à l’activité Uber Eats qui connaît un taux de croissance de 72%, l’activité de VTC n’augmentant que de 2% à 2,3 milliards. La part d’Uber Eats dans le chiffre d’affaires du groupe est passée de 13% en 2018 à 15% mi 2019.

En comparaison, les ventes de Lyft au 2nd trimestre ont cru de 72% pour atteindre 867 millions USD.

Au-delà d’une croissance des ventes moins forte que prévu et de pertes plus importantes que prévu, les analystes boursiers ont toutefois été sensibles à deux indicateurs qui traduisent une augmentation continue de l’activité :

  • Au 2nd trimestre, l’indicateur clé des réservations brutes a augmenté de 31% par rapport à 2018 pour un montant de 15,76 milliards USD. Elles correspondent à l’argent collecté par Uber avant de payer les chauffeurs et d’autres dépenses comme les péages.
  • Le nombre d’utilisateurs mensuels a augmenté de façon beaucoup plus favorable. Il a été de 99 millions dans le monde à la fin du 2nd trimestre 2019 par rapport à 93 millions à la fin du 1er trimestre et 76 millions à la fin juin 2018. Les courses Uber Eats qui représentent l’essentiel de la croissance sont en effet moins bien rémunérées que les courses de VTC.

Découvrez l’article sur la stratégie d’Uber : Uber : un business model innovant mais incertain


L’activité VTC d’Uber

Le tableau ci-dessous décompose l’évolution des ventes sur l’activité VTC, Uber Eats et autres (essentiellement Uber freight).

  • (1) Essentiellement Uber Freight

La publication des résultats du 2nd trimestre 2019 a confirmé les craintes de nombreux analystes et entraîné une chute de 14% du cours de bourse à 37 USD concernant le tassement de l’activité exprimé en chiffre d’affaires. Le nombre de courses réalisées a toutefois augmenté de 35% à 1,68 milliard.

Ce ralentissement de la progression est toutefois à tempérer. En effet, Uber maintient une part de marché extrêmement élevée, de 65%, sur le marché de la VTC aux Etats Unis et au Canada, en Europe de l’Ouest et en Amérique Latine. Il demeure le leader mondial incontesté de son marché.

L’évolution de la profitabilité

En dix ans d’activité, Uber n’a jamais réalisé de bénéfices tout comme son principal concurrent, Lyft. Au vu des résultats 2018, les analystes avaient noté un tassement des pertes. Celles-ci se sont accrues courant 2019.

Une perte record en 2019

Au 2nd trimestre 2019, Uber réalise une perte record de 5,2 milliards de dollars. Cette perte est toutefois à relativiser, étant due pour 3,9 milliards à l’attribution d’actions aux salariés dans le cadre de l’introduction en bourse. Les attributions d’action (stock options) aux salariés sont en effet valorisées, comptabilisées en charge et en plus dans les capitaux propres (prime d’émission) comme des primes de bons de souscription d’action. Outre le fait qu’elle ne soit évidemment pas récurrente, cette charge ne se traduit pas non plus par un décaissement et ne grève donc pas la trésorerie du groupe. Abstraction faite de cette charge non récurrente, la perte résiduelle de 1,3 milliards demeure légèrement supérieure à celle attendue par la bourse.   

Ces pertes du 2nd trimestre 2019 sont dues à une augmentation massive des coûts de 147% à 8,65 milliards. Au cours du 2nd trimestre, le groupe a :

  • investi massivement en R&D pour continuer d’améliorer la qualité de son service,
  • augmenté son effort promotionnel,
  • subi les coûts de constitution de la flotte de coursiers Uber Eats, activité en très forte progression.

Selon les Echos du 11 août, ces coûts de constitution représenteraient 50% des revenus d’Uber Eats. Aux Etats-Unis, les concurrents ont une politique commerciale agressive de prise de part de marché obligeant Uber à concéder davantage de remises pour garder sa place de leader.

Cette augmentation des charges chez Uber contraste avec leur principal concurrent Lyft et leur quasi stabilité.


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Uber rassure ses investisseurs

Avant la publication des résultats du 2nd trimestre, Uber a fait des annonces afin de rassurer les investisseurs :  

  • Une réduction des coûts de marketing dont la suppression de 400 postes en marketing, le gel des embauches d’ingénieurs aux Etats-Unis et au Canada.
  • Un apaisement de la concurrence par les prix entre les acteurs de VTC en Amérique du Nord. Le dirigeant de Lyft a fait une annonce similaire.

Le dirigeant du groupe a confirmé la stratégie du groupe : « grossir vite, de façon efficiente et pendant très très longtemps« . Les investisseurs semblent sensibles à cet argument de continuer à croître en termes de nombre d’utilisateurs.

A ce jour, le groupe refuse d’annoncer une date prévue pour les premiers bénéfices.

A suivre

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