Comment entrer en relation avec un investisseur en capital (Partie 1)

Michel SionManager Offre et Expertise Finance Cegos

Nous interviewons Monsieur Gian Paolo COSSU, associé de la société AB CORP FINANCE, spécialisée dans la recherche de financements pour les entreprises qui nous donne ses conseils pour trouver le bon investisseur en capital.

Dans cette première partie, nous passons en revue les différentes catégories d’investisseurs en capital. Le mois prochain, nous indiquerons quelques conseils sur la façon d'approcher un investisseur potentiel.

Comment doit s’y prendre l’entreprise qui souhaite faire appel à un investisseur pour financer en capital une étape de son développement ?

Gian Paolo Cossu (G.P.C.) :

Pour le porteur de projet, la première priorité consiste à établir la « short list » des investisseurs potentiellement intéressés. Cette tâche peut être ardue car les intervenants sont très nombreux, il convient de ne pas se disperser. Les investisseurs ont des critères précis qu’il convient de connaître pour bien cibler ses recherches. On distingue plusieurs catégories d’investisseurs :

  • Les investisseurs en capital indépendants ; qui peuvent être de taille importante (montants gérés : plusieurs milliards d‘euros par ex 3 I , BC Partners, etc.) ou de taille plus réduite, avec des seuils minimum d’intervention de quelques centaines de milliers d’euros
  • Les fonds détenus par de grands groupes industriels (EDF, Suez environnement, …). Ils financent des projets innovants qui peuvent avoir des répercussions sur leur métier. Ainsi le fonds d’EDF Electranova Capital finance des projets en relation avec l’énergie renouvelable, le fonds Blue Orange de Suez Environnement finance des projets innovants pour les technologies de l’eau et des déchets ;
  • Les fonds publics d’état (FSI) ou régionaux (FSI Régions) ou mixtes public-privé (par ex. Finorpa, IRPAC). Ces derniers investissent pour favoriser le développement de l’économie et de l’emploi de leur région. Selon la mission qui leur attribuée, leur objectif de rentabilité peut être inférieur à ceux des investisseurs indépendants
  • Les fonds de banque qui interviennent en capital ou quasi-fonds propres (obligations convertibles ou mezzanine) ;

Les investisseurs financent ils tous le même type d’opérations ?

G.P.C. :

Non, ils interviennent généralement à des stades différents du développement de l’entreprise, on distingue :

  • Les fonds d’amorçage apportent les fonds nécessaires pour financer la période de réalisation du premier business plan, pendant environ 6 mois : salaires des créateurs sur la période, honoraires des conseils pour la recherche de fonds, le montage juridique, frais de recherche et développement, prototype, business plan, conseils juridiques, loyers...,….Ces fonds sont généralement apporté par des fonds spécialisés qui peuvent eux même être alimentés soit par le Fonds National d’Amorçage (FNA), soit par les conseils régionaux en contrepartie ; ils interviennent avant le premier tour de financement proprement dit ;
  • Les fonds de capital-risque financent l’entreprise avant le démarrage de son activité (start-ups) dans sa phase de création ou au tout début de son activité. Le financement est destiné au développement commercial de ses produits et à la recherche de ses clients. Cette période s’étale sur deux à trois ans.
    Il existe en France plus de 200 fonds de capital risque auxquels s’ajoutent plusieurs centaines de busines angels. Les fonds publics interviennent à ce stade via des garanties (garanties Oseo) ou des financements spécifiques (contrat de développement création). On trouve aussi des groupes industriels qui financent l’innovation dans leur secteur.
  • Les fonds de capital développement financent la croissance de l’entreprise au-delà de sa phase de lancement (le seuil de rentabilité est atteint ou en passe de l’être). Ces fonds interviennent en amont des banques prêteuses ou de façon concomitante pour financer le fonds de roulement, l’augmentation des capacités de production et de la force de vente, développer de nouveaux produits et services, financer des acquisitions. Certains investisseurs se spécialisent sur une phase plus ou moins avancée du développement. En primo développement, les banques sont encore réticentes à prêter car l’entreprise n’a pas encore démontré sa capacité de remboursement..
  • Les fonds de capital retournement sont spécialisés dans le financement d’entreprises qui cherchent à résoudre des difficultés importantes. Ils constituent une catégorie d'investisseurs très spécifique, ne font pas partie de l’AFIC et travaillent en collaboration avec les administrateurs judiciaires.
  • Les fonds de transmission interviennent en capital dans le cadre de rachats avec effet de levier (Leveraged buy out ou LBO). Ils représentent l’essentiel des montants investis ; la taille des fonds de capital-transmission est très variable : certains sont présents dans des LBO régionaux de taille réduite (PME dont le CA est inferieur à 50 millions d’euros), d’autres interviendront dans des LBO de taille très significative (plusieurs milliards d’euros : ex. : rachat de Picard Surgelés par Lion Capital en 2010 pour 1,5 milliard €)

Le stade de développement de l’entreprise auquel le fonds intervient est-il le seul critère de sélection d’un investisseur ?

G.P.C. :

C’est un critère essentiel. Mais chaque fonds a aussi ses spécificités en termes de secteur d’activité, de zone géographique, de seuil d’intervention, ...

Fin de la 1ère partie. A suivre !

Ecrit par

Michel Sion

Spécialisé dans la finance d'entreprise, Michel Sion est responsable des offres de formation Trésorerie, Finance, Gestion et Comptabilité pour non spécialistes et Risque client.
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