Du financement par adossement au cash flow financing

Michel SionManager Offre et Expertise Finance Cegos

Gian Paolo COSSU, spécialiste en financement des entreprises est interviewé par Michel SION, responsable de l'offre Finance - Trésorerie. Il nous en apprend plus sur les pratiques de financement des entreprises par les banques et les nouvelles pratiques qui se dégagent aujourd'hui.

Michel Sion : Voyez-vous une évolution des pratiques de financement des entreprises par les banques ?

Gian Paolo Cossu : Oui, Traditionnellement, les banques financaient les actifs de l’entreprise par adossement. Les crédits à MLT financent des immobilisations et les crédits à CT financent les actifs circulants d’exploitation, en particulier les créances client. Les crédits à MLT étaient garantis par un nantissement sur le matériel ou une hypothèque sur les bâtiments.

Quelles nouvelles pratiques observez-vous ?

GPC Les banques sont de plus en plus réticentes à financer du matériel et des bâtiments industriels par un crédit classique et orientent leurs clients vers des solutions de crédit-bail ou location financière. Une des raisons de cette évolution est que les nantissements sur matériel ont une valeur limitée. En cas de redressement judiciaire, les juges commissaires peuvent s’opposer à la demande de revendication au motif que le bien est indispensable à la continuation de l’exploitation.

Le financement par adossement tend donc à diminuer ?

GPC : Effectivement, depuis quelques années, les banques ont fait évoluer leurs pratiques de crédit pour des projets menés au sein de l’entreprise et dont le besoin de financement est plus large que la seule acquisition d’immobilisations : études préalables, pertes de démarrage, BFR pour la partie stock (non finançable par l’affacturage), …. Cette évolution concerne également les petites PME.
Pour déterminer le montant du prêt, elles ne s’appuient pas uniquement sur la valeur des immobilisations mais aussi sur le business plan de l’entreprise qui fait apparaître sa capacité de remboursement. Ce sont l’ensemble des cash-flows mutualisés de l’entreprise qui permettent le remboursement du financement du nouveau projet et des financements existants.

Cette évolution entraîne-t-elle de nouvelles contraintes pour l’entreprise ?

GPC : Dans ce contexte, la banque demande à l’entreprise des informations complémentaires que celle-ci n’était pas habituée à donner : la prévision financière sur l’ensemble de la durée du prêt ainsi que les hypothèses d’activité qui ont permis de construire cette prévision (plan d’affaires).
La banque peut ensuite prévoir dans le contrat de prêt des normes à atteindre sur des ratios financiers (covenants). Le suivi des ratios en cours de vie du prêt permet aux banques d’anticiper sur des difficultés éventuelles de remboursement. Le non-respect de ratios constitue un « signal d’alerte » qui incite les parties à se rapprocher pour essayer de trouver des solutions : ouverture du capital à un partenaire, cession d’actifs non stratégiques, restructuration de la dette avec lease-back,….

A propos de Gian Paolo COSSU :
GP Cossu a occupé des postes de banquier puis de directeur financier. Il est aujourd’hui associé de la société AB Corp Finance basée à Paris (gp.cossu@yahoo.fr). Il conseille les PME dans l’élaboration de leur business plans, la recherche de financements et de capitaux propres.

Ecrit par

Michel Sion

Spécialisé dans la finance d'entreprise, Michel Sion est responsable des offres de formation Trésorerie, Finance, Gestion et Comptabilité pour non spécialistes et Risque client.
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